Traces d'ateliers
Extraits d'écrits produits dans les ateliers depuis 2008:
-
LE SOUFFLE
Le souffle me manque
Ouf ! je suis déjà saoule
C'est Pan qui m'a troublée
Car il avait oublié sa flûte
Ouf ! je vais m'en tirer...
Cathy
L'air... Le sang...
Courant d'air & émotion
Les mots... L'instinct...
Restent mes mains...
Je me maintiens,
Je souffle.
Jicé
Ton amour perfide me glace
Je pars à la recherche du flamand rose qui saura me faire haleter de délices.
De l'autre côté du globe, j'irai me lover dans la chaleur de ses plumes, à l'ombre des regards indiscrets.
Enveloppe saumonée, teintée de turquoise flamboyant.
Sensation veloutée
Son envol me hissera sur les hauteurs de l'extase
Et j'oublierai ton souffle strident
ta salive amère
ta peau rêche.
Claire
La variation du thème promenait comme un poème sur tes cils embués
Le mouvement de ton chant accrochait à mes oreilles bien plus qu'une sonorité
Tu joues dans mon espace, rapide et lent, impatient et persévérant.
Christelle
- MON CORPS M'A DIT
Légèreté du vol de l'ange. Ses ailes se déploient à la lueur de mon souffle, une trappe se referme pour libérer l'air muet. Je mouline, brasse cette tendresse qui m' habite jusqu'à palper ta peau.
Je t'enlace, tu m'échappes. Je m'agrippe, tu me repousses. Livrée à la caresse du rien, je tortille mon petit doigt qui me rappelle à l'ordre. Ici. Son articulation crisse. Rouages encrassés de la mécanique du corps. La matière prime.
Claire
Impossibilité d'embrasser mon pied... Huitième dorsale oblige, je tends mes mains...
Presque démembré, je montre du doigt, cette extrémité impossible à palper.
Je mouline, je gesticule... Quel manque de fluidité!
Finalement je frappe du poing.
Ici pas de courbure, de joli volume...
... ni aile ni sens...
Besoin urgent d'assistance...
Oui ici tout n'est que cassure...
Mais qui a parlé de liberté...
Muet mon coeur lui, bat encore...
Emprisonné quelque part...
Il se suffit à lui même Aucune contrainte. Il est là. C'est tout
Un souffle de vie lui a suffit. Il est une fin en soi.
Simple & vital... IL BAT.
Le geste... mon geste, lui se bat, se débat...
Je combats et n'embrasse que du vide
Pourquoi donner, pourquoi vouloir donner du sens à tout
Peut-être par manque de coeur ? ...
Jicé
Bonjour, tendresse !
Vole de tes ailes dans un mouvement de courbure brassée et embrassée.
Le sens te donnera de la valeur sans assistance de la fluidité de l'air.
Tu touches, tu palpes, tu moulines, tu embrasses, tu emprisonnes.
Bye, bye liberté,
le coeur est sous tes pieds,
muet !...
Régine
Vole! La huitième dorsale en fait une aile, et le mouvement de deux ailes brasse un grand volume d'air, prend appui en créant des courbes, donne une liberté infernale dans une fluidité sans limite, qui permet tour à tour de toucher, enlacer, embrasser, mais aussi d'emprisonner ou de repousser, de frapper, tout ceci évidemment sans les pieds.
Emanuela
Effleurer le jaune pâle de la pulpe. Elle s'élève, légère, dans la lueur de l'automne. Soleil boisé teinté de mon attention, piquée au vif. L'air frais du matin me traverse pour me me déposer, effeuilée, sur un lit de mousse qui se glisse entre mes orteils et me murmure de danser, ici.
i.ssss.iii... i.ssss.iii... sssss...
Une feuille se balance, se meut au gré des sens et chuchote à qui veut l'entendre:
« Oublie »
Claire
Je me promène habillée d'une longue et large tunique blanche dans un bois plein d'odeurs, le corps léger, dansant sur le rythme de l'eau du petit ruisseau. Le printemps est là, il fait bon, la nature renaît et moi aussi. C'est ma saison. J'éprouve beaucoup de joie, de bonheur à reprendre contact avec elle. Elle me libère, me soulage, m'apaise, m'équilibre.
Armelle
C'était l'été, j'étais habillée en rouge, il faisait beau, j'avais l'impression de flotter, d'être en suspens dans et sur l'air tel un petit oiseau, le soleil chauffait mes paupières, je sentais la vie et un sourire dans le coeur. C'était chaud... un cocon, un très, très très doux molleton dans lequel on a envie de s'endormir, de rester toute la vie... et toute la mort aussi.
... difficile de décrire une sensation de bien, de chaud... des bras qui entourent, qui cajolent, qui consolent, qui aiment, qui donnent et qui reçoivent... c'était l'été, je vivais un rêve doux, le bonheur était dans l'air, impalpable mais bien là... c'était.
Charlotte
- LES HAÏKUS
Dedans-dehors
Douce oscillation
Du grand rien
Je trace dans l'espace
Un trait silencieux,
Invisible, vers lui
Caresse éphémère
Qui marque la peau
D'un frisson de vie
Étirement du cri
Qui rythme l'air
Question de survie
Le dernier est noir
Le premier est chaud
C'est le tout qui circule
Sylvia
Mouvement sur mouvement
Mou sur rien
Rien et tout
Tout, rien
Loin, prés
De soi La circulation
Bien dedans
Sol noir, silence en qui caresse
Le trait de ton espace
Moi moi rien moi
Rien rien moi rien
Froid moi rien froid
É t i r e m e n t
Question ?
Dehors !!
Lui
Trait
Xavier
Une onde vibratoire
t'effleure
je survis
Gouttelettes
noires
en silence
En une caresse
le cri d'une vie
s'étire
Un filet d'eau
se faufile
dans un tout
Un battement d'aile
me soulève
vers la mort
Déchirement froid
en circulation
me fait rosir
Claire
Je suis dedans
Je suis dehors
Je crie en silence.
La caresse aérienne est éphémère.
Un mouvement, une expiration.
Un espace, invisible.
La vie.
Lui, moi, la bougie
La douceur, la chaleur.
Dans un frisson.
Emanuela
- Midi
voit des milliards d'étoiles,
que le soleil m'empêche
de voir...
Extrait du poème d'Henry Bauchau « Chemin d'Héraclite »
Dans la nuit,
des points sources de mon désengourdissement,
Des milliers de mille petits besoins vitaux me viennent de l'intérieur.....
Et minuit voit avec moi ces milliards d'étoiles que même la lune
ne peut nous empêcher de découvrir....
Puis l'aurore a tapissé le fond de mes rêves....
Du noir, la voûte a bleui.
La lumière est montée;
Source, elle ne peut être plurielle,
Elle donne en partage, et ne peut rien recevoir.
Et déjà,
"Midi voit des milliards d'étoiles, que le soleil m'empêche
de
voir"
Jicé
Je ne sais pas.
Et pourtant je ne veux pas. Je refuse certaines choses, sans connaître
celles que je veux.
C'est le principe de la vie. Car la vie elle-même nous empêche de
voir notre vie.
Les chemins nous paraissent tortueux, difficiles à franchir, ou parsemés
d'embûches.
Les objectifs flous, instables, ou impossibles à atteindre.
Ces sont nos étoiles à nous, qui brillent la nuit, quand le ciel
est clair.
Mais le jour, le soleil nous les cache. Elles sont encore là, pourtant,
mais nous semblent encore plus lointaines.
Parfois on les oublie, on les abandonne un peu. Jusqu'à ce qu'elles resurgissent
d'un coup, plus brillantes que jamais.
"
Midi voit des milliards d'étoiles, que le soleil m'empêche de voir."
Emanuela
Un jour il a décidé (ou bien cela s'est imposé,
il ne sait plus car le temps s'est mis à ralentir depuis) de ne garder
que les choses simples et douces autour de lui, dans sa vie. Il en avait assez
de tous les parasites, complications, prises de tête et faux-semblants
qui prenaient bien trop de place et semblaient lui retirer son air. Assez de
suffoquer, subir, subsister, surinvestir, surmener, survivre !
À
partir de ce moment, simplement il prit le temps, pour tout, pour rien, pour
lui, pour les autres.
Et le temps le laissa tranquille, lui avec les autres. Il pensait que ce calme était
le but de son bonheur. Or un jour, prenant comme jour, le temps de lire, il s'arrêta
sur cette phrase: « Midi voit des milliards d'étoiles, que
le soleil m'empêche de voir »...
Le temps s'arrêta tout à fait
son regard se perdit dans l'envers de ses paupières
Christelle
Je ne suis jamais au bon endroit.
Pourtant attentive aux phénomènes de la nature, que j'observe de
préférence la nuit, « midi voit des milliards d'étoiles,
que le soleil m'empêche de voir »...
Va savoir, ne pas tout voir ne m'empêche pas pour autant de vous voir.
Cathy